Lie down & track down [PW Sören]

C'est bientôt le couvre-feu, mais tu es loin de te préparer à dormir. Depuis quand n'as-tu pas dormi d'ailleurs ? Tes paupières se font lourdes mais tu réprimes violemment cette envie de t'allonger et fermer les yeux pendant des heures et des heures. Car tu ne peux tout simplement pas te permettre de t'endormir dans ta situation actuelle. Tu n'es même pas à l'abris sous un toit. Tu ne sais même pas si tu vas réussir à trouver un endroit où dormir avant que sonne les vingt-deux heures. Tu arpentes donc les rues du quartier ouest à la recherche d'un coin pas trop dangereux pour pouvoir t'y reposer. Malheureusement, quand on vit dans ce dépotoir, il est bien difficile d'y trouver un endroit sain.

Au fur et à mesure que les minutes s’écoulent, tes pas se font de plus en plus précipités. Tu n’as pas envie d’être dehors quand le couvre-feu tombera. Non seulement parce que tu n’as pas envie d’avoir des soucis avec les autorités varaciennes mais également parce que les humains toujours debout après cette limite de temps ne sont jamais recommandables. Encore une fois, tu as peur pour ta vie. Tu regrettes énormément de ne pas avoir Monsieur Volkov sous la main. Cependant, tu ne peux pas te permettre de l’appeler à l’aide dès que tu ne te sens pas bien. Pas quand tu es censé le trahir.

Bien que tu commences à somnoler en marchant, tes sens sont toujours en éveil. C’est une capacité que tu as adopté après toutes ces années à vivre dans le danger. Si bien que tu as la très nette impression d’être observé, ou pire, d’être pris en chasse. Tu accélères la cadence de tes pas. Des larmes d’épuisement commencent à couler le long de tes joues. Tu te dis que c’est bon. C’est ce soir. Tu vas mourir. Et par mégarde, tu fais l’erreur de t’éloigner des rues principales. Puis tu sens une présence juste derrière toi…

“Des… des nou… nouvelles ?” Tu te retournes lentement pour faire face à celui qui t’as pris en chasse et comprends rapidement la situation. Honnêtement, tu ne sais pas si tu dois être rassuré ou pas. “Eh bien… Hm...” Il n’y a pas de doute, cette personne doit travailler pour la police. Mais que veut-il savoir ? Est-ce qu’il fait allusion à Monsieur Volkov ? Non. Ça t’étonnerait beaucoup trop. Monsieur Volkov vit beaucoup trop dans le secret pour se faire repérer. Tu déglutis. Tu ne sais pas quoi faire. Tu ne peux clairement pas donner des informations sur Monsieur Volkov. “Ça a été un peu chaotique ces derniers jours ici… Vous êtes à la recherche de quelqu’un en particulier ?”

Il se rapproche de toi. Tu recules d’un pas. Est-ce qu’il allait te faire du mal ? Les battements de ton coeur se font plus rapide. Et tu as la sensation que s’il se rapproche de nouveau, tu commenceras à avoir des problèmes à respirer. Et ça ne tarde pas. Une impression d’étouffement s’installe en toi alors qu’une douleur prend le contrôle de ta poitrine. Tu essayes tant bien que mal de t’éloigner un peu plus afin d’espérer reprendre ton souffle ou du moins une sorte de maîtrise là-dessus. Dans ta tête, tu pries pour qu’il te laisse tranquille et qu’il s’en aille.

Tu essuies tes mains moites contre ton pantalon tandis qu’il t’ordonne de donner des noms. Malheureusement, des noms, tu n’en as pas. Enfin si. Tu en as un: Valerian Volkov. Mais encore une fois, hors de question qu’il s’échappe de tes lèvres, pas après tout ce qu’il a fait pour toi. Quoi que… Si l’homme devient violent, peut-être que tu le dirais… Par “erreur”. Mais cela n’a pas lieu. Du moins, pas tout de suite. L’homme s’écarte de toi et tu commences à être légèrement plus à l’aise, calmant petit à petit ta respiration et les battements de ton coeur.

L’homme se met alors à parler d’un cambriolage. Cela te rassure légèrement. Il n’est pas question de Monsieur Volkov ici. Tu doutes énormément qu’il s’amuserait à faire quelque chose d’aussi futile pour la rébellion. Par conséquent, les coupables doivent être un autre groupe de rebelles, ou même pas des rebelles tout court. Tu n’as donc aucune crainte à aider cet envoyé de la police. Tu réfléchis un instant, mettant du sens dans ce qu’il s’est passé ici dernièrement. “Je n’ai pas entendu de gens parler d’un cambriolage à Rayela, mais j’ai eu vent de certaines rumeurs, qui pourraient aller dans cette direction.” Alors que ta respiration reprend une allure normale, ton ton se fait plus confiant. “Des gens sont en train de revendre des produits de haute technologie qui ne viennent certainement pas d’ici. Je suis convaincu qu’en remontant la source vous pouvez retrouver le coupable.” Tu lui adresses un sourire timide, espérant qu’il en ai fini avec toi et te laisses dans ta recherche d’un abris pour dormir.

Ton sourire se fane rapidement. Tu n’as absolument pas prévu de l’amener voir ces gens. Tu n’es d’ailleurs pas dans les meilleurs termes avec eux. “Hm… Vraiment ?” Tu fais quelques pas maladroit dans une direction avant de te souvenir qu’ils se trouvent dans le sens inverse. Dans les coins les plus sombres et reculés du quartier ouest. Tu as envie de pleurer. Tu n’as vraiment pas envie d’y aller. Encore une fois, tu te demandes si tout cela vaut la peine. Peut-être que tu aurais dû laisser les varacyas te tuer il y a bien des années de ça, cela aurait évité plein de problèmes. Tu secoues ta tête. Non. Il est bien trop tard pour reculer maintenant. Ta famille serait morte pour rien si tu abandonnes, il te faut donc persévérer. Donner un sens à toutes ces morts.

Tu fais en sorte de marcher rapidement. Tu n’as vraiment pas que ça à faire. Mais cela te vaut d’attirer l’attention de l’homme. “Ou… Oui.” Ton regard est fuyant. Tu préfères te concentrer sur la tâche actuelle. Cependant, tu te rends compte qu’un simple oui peut ne pas être assez suffisant comme réponse. “C’est juste que… Je n’ai pas envie d’être dehors après le couvre-feu… Vous voyez ?” Tu espères que l’homme comprenne où tu veux en venir et surtout qu’il ne se mette pas à imaginer des choses qui pourraient jouer en ta défaveur.

“C’est par là.” Tu pointes un bâtiment presque en ruine que tu es capable de discerner au loin. “Pas mal de ventes se déroulent là-bas.” Tes pas ralentissent au fur et à mesure que vous vous rapprocher de ce lieu. “C’est pas un super endroit à visiter. Il y a plein de personnes là-bas qui sont… méchantes ?” Tu t’arrêtes net et te tournes enfin vers l’homme sans chercher à fuir son regard. “Bonne chance, hein”. Lentement, très lentement, tu commences à marcher à reculons. Non, vraiment, tu n’as pas envie de mettre les pieds dans un tel endroit.

Et quand tu penses que tout est fini… Et bien, il y en a encore.
C’est dans ces moments là que tu regrettes toutes les décisions que tu as pu faire dans ta vie. Tu n’as pas une minute de paix. Mais bon, peut-être que tu le mérites. Enfin, tu te serais bien passé de cet énergumène sorti de nul part et qui te donna un grand coup à l’arrière de la tête avant de te traîner vers ce lieu maudit. Tu ne résistes même pas. À quoi bon… Tu n’as pas envie de recevoir plus de coups que nécessaire. La douleur causée par l’attaque surprise te fait déjà bien assez tourner de l’oeil. Tu sens encore ton crâne vibrer. Tu espères en tout cas que quoi que ce soit qu’il t’arriverait dans les minutes à suivre sera rapide. Tu n’as pas envie de souffrir plus.

Les graviers sur lesquelles on te traîne se font remplacer par du bitume. Le décors se fait également plus sombre et tu mets du temps à t’adapter à cette obscurité. Pourquoi les choses dangereuses se trouvent toujours dans les endroits les plus sombres ? Tu prends conscience petit à petit que cet endroit peut être le dernier endroit que tu verras. Tu cherches du regard quoi que ce soit qui pourrait t’aider. Et aperçoit le monsieur de tout à l’heure. Ton regard se fixe sur lui, se fait suppliant, comme pour dire “s’il vous plaît, monsieur. Aidez moi.”.

Un homme que tu reconnus comme quelqu’un a qui tu avais volé un pistolet, un jour, s’avança vers toi et te donna un coup de pied dans la mâchoire. “Tiens, tiens, tiens. Si ce n’est pas notre petit voleur.” Pendant tout ce temps, tu n’as pas lâché le monsieur de la police du regard. Tu espères qu’il devine le sort que ces hommes allaient te donner s’il n’intervenait pas et qu’il serait assez gentil pour te sortir de là.